Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Organdi bidouille et papote
Publicité
Newsletter
Derniers commentaires
18 décembre 2010

Un temps à tricoter

 

Rien ne ressemble à ce qu'il connaît. C'est comme de venir au monde une seconde fois. Passent des voitures qu'il n'a jamais vues, en nombre incalculable, dans un ballet fluide et réglé. Sur les trottoirs, les hommes et les femmes marchent très vite, comme si leur survie en dépendait. Aucun n'est en guenilles. Aucun ne mendie. Personne ne fait attention à personne. Il y a aussi beaucoup de magasins. Leurs vitrines larges et spacieuses débordent de marchandises dont le vieil homme ne soupçonnait même pas l'existence. Regarder cela lui donne le tournis. Il repense à son village comme on pense à un songe qu'on a fait et dont on ne sait plus très bien s'il est vraiment songe ou réalité perdue.

Au village, il n'y avait qu'une rue. Une seule. Le sol était en terre battue. Quand la pluie tombait, violente et droite, la rue devenait un ruisseau furieux dans lequel les enfants nus se coursaient en riant. Lorsqu'il faisait sec, les cochons y dormaient en se vautrant dans la poussière, tandis que les chiens s'y poursuivaient en aboyant. Au village, tout le monde se connaissait, et chacun en se croisant se saluait. Il y avait en tout douze familles, et chacune de ces familles savait l'histoire des autres, pouvait nommer les grands-parents, les aïeux, les cousins, connaissait les biens que les uns et les autres possédaient. Le village en somme était comme une grande et unique famille, répartie dans des maisons dressées sur des pilotis, et sous lesquelles les poules et les canards fouillaient le sol et caquetaient. Le vieil homme se rend compte que lorsqu'il parle en lui-même du village, c'est au passé qu'il le fait. Cela lui pince le cœur. Il sent vraiment son cœur se pincer, alors il pose fortement sa main libre sur sa poitrine, à la place du cœur, pour faire cesser le pincement.

Monsieur Linh n'a pas froid sur le banc. Penser au village, même au passé, c'est un peu y être encore, alors qu'il sait qu'il n'en reste rien, que toutes les maisons ont été brûlées et détruites, que les animaux sont morts, chiens, cochons, canards, poules, ainsi que la plupart des hommes, et que ceux qui ont survécu sont partis aux quatre coins du monde, comme lui l'a fait. Il relève le col de son imperméable et caresse le front de l'enfant qui dort. Il essuie le riz qui a coulé de part et d'autre de la bouche de la petite.

Philippe Claudel - La petite fille de Monsieur Linh

~~...~~

chale_point_de_riz_

En laine à chaussettes et aurore en provenance de mon stock

Modèle Garnstudio (ici en français)

Aiguilles 5 et 6 mm

Crochet 4 mm

Modèle facile à réaliser, mais un peu long, la faute au point de riz

chale_point_de_riz

 

chale_point_de_riz__

Publicité
Publicité
Commentaires
L
oh!!!! joli aussi ..la couleur est trés chouette!!!<br /> bravo...
L
Ooooooooooh trop beau!!!!
B
il est superbe ce châle!!!
P
superbe ce châle....l'extrait de livre aussi
N
Je viens de découvrir ton blog et j'en reste bouche bée ! Tout est magnifique, splendide : un vrai lieu de perdition ! Bravoooo ! Ce châle est superbe et déjà dans ma liste !
Publicité