O vertige de la penderie béante sur l'alignement militaire des pelures incertaines aux senteurs naphtalines...
Je hais les cintres.
Le cintre agresse l'homme. Par pure cruauté.
Le cintre est le seul objet qui agresse l'homme par pure cruauté.
Le cintre est un loup pour l'homme.
Il y a des objets qui agressent l'homme parce que c'est leur raison d'être.
Prenez la porte. (Non. Ne partez pas. C'est une façon de parler.)
Prenez la porte. Une porte. Il arrive que l'homme prenne la porte dans la gueule. Bon.
Mais il n'y a pas là la moindre manifestation de haine de la part de la porte à l'encontre de l'homme.
L'homme prend la porte dans la gueule parce qu'il faut qu'une porte soit ouverte, ou bleue.
Le cintre, lui, est foncièrement méchant.
Personnellement, l'idée d'avoir à l'affronter m'est odieuse.
Il arrive cependant que la confrontation homme-cintre soit inévitable.
Quelquefois, plus particulièrement aux temps froids, l'envie de porter un pantalon se fait irrésistible.
L'homme prend alors son courage et la double porte du placard à deux mains.
Il est seul. Il est nu. Il est grand.
Son maintien est digne, face au combat qu'il sait maintenant inéluctable.
Son buste est droit. Ses jambes, légèrement arquées. Ses pieds nus arc-boutés au sol.
Comme un pompier face au feu, il est beau dans sa peur.
Les portes du placard s'écartent dans un souffle.
Les cintres sont là, accrochés à leur tringle dans la pénombre hostile.
On dirait un rang de vampires agrippés à la branche morte d'un chêne noir dans l'attente silencieuse du poulain égaré au tendre flanc duquel ils ventouseront leur groin immonde pour aboucher son sang clair en lentes succions gargouillées et glaireuses, jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Cependant, l'attitude de l'homme n'est pas menaçante.
Simplement, il veut son pantalon. Le gris, avec des pinces devant et le petit revers.
L'oeil averti de l'homme a repéré le pantalon gris.
Il est prisonnier du troisième cintre en partant de la gauche.
C'est un cintre particulièrement dangereux. Sournois.
Oh ! Il ne paie pas de mine.
En bois rose, les épaules tombantes, il ferait plutôt pitié.
Mais regardez bien son crochet. C'est une poigne de fer. Elle ne lâchera pas sa proie.
L'homme bande. Surtout ses muscles.
Il avance d'un demi-pas feutré, pour ne pas éveiller l'attention de l'ennemi.
C'est le moment décisif.
De la réussite de l'assaut qui va suivre dépendra l'issue du combat.
Avec une agilité surprenante pour un homme de sa corpulence, l'homme bondit en avant.
Sa main gauche, vive comme l'éclair, repousse le cintre pendu à gauche du cintre rose, tandis que sa main droite se referme impitoyablement sur ce dernier.
La riposte du cintre est foudroyante.
Au lieu d'accentuer sa pression sur la tringle, il s'en échappe brutalement, entraînant dans sa chute le pantalon, le gris, avec les pinces devant et le petit revers, celui-là même que l'homme veut ce matin parce que, non, parce que bon.
A terre, le cintre rose est blessé.
Rien n'est plus dangereux qu'un cintre blessé.
Dans son inoubliable "J'irai cracher sur vos cintres", Ernest Hemingway n'évite-t-il pas d'aborder le sujet ?
Un silence qui en dit long, non ?
L'homme, à présent, est à genoux dans le placard.
De sa gorge puissante monte le long cri de guerre de l'homme des penderies.
"Putain de bordel de merde de cintre à la con, chié."
Le cintre rose a senti le désarroi de l'homme. Il va l'achever.
Il s'accroche dans le bois d'un autre cintre tombé qui s'accroche à son tour dans la poignée d'une valise.
Il fait noir. La nuit, tous les pantalons sont gris.
L'homme, vaincu, n'oppose plus la moindre résistance.
Le nez dans les pantoufles, il sanglote, dans la position du prieur d'Allah, la moitié antérieure de son corps nu prisonnière du placard, l'autre offerte au regard de la femme de ménage espagnole.
Il souffre. Quelques gouttes de sueur perlent à sa paupière.
Il n'est qu'humilité, désespoir et dégoût.
Quelques couilles de plomb pendent à son derrière.
Il a soif, il a froid, il n'a plus de courroux.
"Donne-lui tout de même un slip", dit mon père.
Pierre Desproges - Textes de scène
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Billet sans tricot ni bidouille ?
juste parce que j'aime les textes de Desproges,
et même que je les aime d'amour ?
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OUAIs !
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Et puis aussi parce que depuis quelques temps, c'est la grosse loose du tricot...
Depuis trois semaines, j'essaye de faire ce modèle
Photo prise sur Ravelry
Pour le modèle, pas de souci, il est même plutôt facile à réaliser. Mais je n'arrive pas à trouver le bon fil. J'ai essayé dans différentes laines, avec différents numéros d'aiguilles, et je n'aime pas les résultats obtenus. Alors pour le moment, je lui laisse la victoire au Meandering vines shawl, j'ai laissé tomber l'idée de le faire, on verra plus tard...
Je suis limite limite de retricoter un ihbel, modèle qui lui au moins ne fait pas faux bond et qui donne un chouette résultat dans tous les fils avec lesquels je l'ai tenté...
Ou alors je vais ressortir la machine à coudre...
J'ai même repris le crochet, c'est dire...
Alpaga drop et coproca
Petite fleur vue sur le blog de Mam'zelle Flo
qui l'a elle-même trouvé ici
et que pour la faire il suffit de faire ça : African_flower
Modèle d'Elisabeth Cat